
Robert Tatin
2006180 x 120 cm
Chaque nouvelle œuvre s’élabore par un très long processus de construction et de déconstruction jusqu’à une possible destruction. Chaque recouvrement du support en strates de peinture donne lieu à une succession d’arrachages, de déchirures, de meurtrissures et de crevures. Ce rapport particulier au temps suspend le regard entre une matière conçue comme stable et une matière en devenir, toujours inachevée. L’expérience qu’en fait le spectateur est celle de la constitution d’un entre-deux dans lequel il se tient, c’est la découverte de l’écart existant entre l’espace de la représentation et l’espace réel. Ainsi, les peintures de David Verger proposent une mise à distance au spectateur. À travers une matière subtile et délicate, l’artiste collectionne avec précaution la diversité. Toutefois, la matérialité du support et la frontalité du plan délimitent la vision et ne sont pas praticables au-delà du regard. Reconnaissant à « l’exotique » son caractère unique, l’artiste évite de le réduire à l’accessible et au compréhensible. David Verger combine l’onirisme suscité par la perception de l’inconnu avec un art de capter ce dernier à travers des détails concrets et sensuels. Telle est la démarche exotique de David Verger et c’est là que réside sa modernité et son importance dans le combat pour le renouvellement des conventions réalistes. Bruno Godivier (2022)
Tous droit réservé à David Verger