
Robert Tatin
A l’os2004
180 x 140 cm
Les hasards de la vie m’ont fait rencontrer David Verger il y a bientôt 30 ans. L’atelier n’a pas changé. Toujours aussi exigu et encombré, le sol jonché d’un fouillis de pinceaux, solvants, grattoirs, pots de peinture, sèche-cheveux, outils à usage détourné, magazines, photos... L’homme non plus, simple, généreux, bilieux, concentré, ailleurs... Le temps a fait son œuvre. Celle-ci est toujours aussi exigeante et en même temps devenue plus sensible, subtile, faussement accessible. Comme ses moutons, désormais seuls, abandonnés des leurs ou déserteurs ? Formes éthérées, mal finies, en devenir, accédant à la conscience individuelle ? Mélancolie du groupe, tristesse de la solitude, inquiétude de ce qui advient. Le prix à payer pour la liberté qui font de ces moutons des êtres étrangement proches de nous. Comme le sont ces visages d’enfants à faire peur, inquiétants, dérangeants, graves, muets mais si présents. Ces enfants mal fagotés, cornettes à l’étroit, dont l’énergie intérieure déborde, interrogeant notre propre humanité, aspérités, abandons, illusions perdues. Et ces trop-pleins d’émotions contenues, de vérités cachées, ne vont-elles pas s’enfouir au cœur de ces forets profondes, minérales, silencieuses, figées ou s’absente l’homme ? Une peinture à l’os, en dégradé de gris qui dérange. « On croit faire un voyage et c’est le voyage qui nous fait ou nous défait. » Nicolas Bouvier Joël Talvas (2022)
Tous droit réservé à David Verger