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Robert Tatin

Comme un baume
2017

Dans la peinture de David Verger, tout est perception, effusion des sens, explosion et polyphonies sombres. De la subtile tache griffée de couleurs mêlées naissent sans fin nos premiers émois. Profondeur et évanescence entrent en écho dans chaque coup de pinceau offert à la toile. Tout crisse, glisse et flamboie. Tout fait signe, sens et son. La matière est première, elle succombe à ses origines, palpite et gravite autour de ses figures présentes-absentes qui se conjuguent sans fin. L’oiseau se fond dans l’ombre des branches, discret il est sans voix. Seul son œil rond soutient ce bec infâme. La végétation glauque étouffe au creux du monde, verdoie, plus ou moins claire au cœur de la clairière. Les orgueilleuses cimes s’offrent au fond en surplomb des paysages comme de multiples visages de l’absent, figé, gravé, encré. Un mont Fuji sacré, ultime parchemin lavé et nourri de sources renouvelées se dresse fièrement dans le vent des doutes et des hécatombes. Lumière ! Respiration ! Œil tordu, corps contorsionnés, douleurs vibrantes, les toiles réveillent nos peines et nos maladresses, appellent l’esprit, l’embaument d’un sfumato élégant, d’un vernis qui pourtant craquelle. Orphée cherche son Eurydice mais se retourne sans cesse. C’est l’histoire troublante d’une perte dans cette insatiable quête où seuls les rayons lumineux transpercent. Fabienne Papineau (2022)








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