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Robert Tatin

2019
122 x 202 cm

Quelque chose hante également David Verger, sans que j’arrive à saisir précisément de quoi il s’agit pour l’instant. Nous avons quitté son atelier et sommes passés dans le salon, où il me montre des portraits d’enfants qu’il a commencé à peindre dans les années 2000, grands formats en nuances de gris qui provoquent une sensation d’oppression et d’angoisse. Ou plutôt, même s’il a pris pour point de départ de vieilles photos de famille, comme celle d’un cousin en habit de communiant, ce sont des faux-portraits : ce qui l’intéresse, ce n’est pas la ressemblance avec la réalité, mais la déformation de celle-ci. En voyant l’un de ces enfants, je repense à un arrière grand-oncle, mort depuis longtemps, qui avait dans ses vieux jours la même expression faciale, et soudain, je comprends pourquoi ces peintures produisent un tel effet de malaise : ce sont bien des enfants, mais sans la douceur, sans l’innocence qu’on prête aux enfants. Car ce que l’artiste fait ici, c’est qu’il éclate, au sens propre comme au figuré, les proportions de l’enfance. Ces visages, pourtant juvéniles, ont déjà trop vu, trop vécu. Tels des fantômes.








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